Appel à contributions : "Articuler danse et poème : enjeux contemporains"

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dates:  -
lieu:  Université de Nice Sophia-Antipolis

Sous la direction de Béatrice Bonhomme, Alice Godfroy, Régis Lefort et Joëlle Vellet

La question des liens entre danse et poésie renvoie à l’une des gémellités artistiques les plus singulières du siècle passé. Une complicité singulière mais néanmoins problématique, à en croire les rendez-vous manqués de son histoire. Si les poètes de la modernité – tels Mallarmé, Valéry ou Rilke – ont érigé la figure de la danseuse en objet de culte poétologique, y devinant la promesse d’une régénération verbale, les danseurs modernes n’ont que très rarement donné suite à cet enthousiasme. À l’inverse aujourd’hui, si nombre de projets chorégraphiques disent s’inspirer de près ou de loin de la littérature, la plume des poètes semble avoir, à quelques exceptions près, déserté le champ thématique de la danse.

Posé en ces termes, l’horizon de la rencontre s’avère déceptif. Il ne l’est toutefois qu’en raison d’une certaine façon d’envisager le dialogue danse/poésie toute focalisée sur les signes explicites de leur commerce. Nous pensons que cet horizon appelle aujourd’hui sa réouverture, à une époque contemporaine pensée comme le moment d’un renouvellement possible de la question comparatiste et du dialogue entre les arts. Qu’ils le taisent ou non, les poètes se déplacent dans leur monde linguistique comme les danseurs dans la sphère de leurs gestes, ce que savent celles et ceux qui se sont engagés au croisement de ces deux pratiques.

Ce renouvellement s’appuie aujourd’hui sur des indices factuels (multiplication de créations scéniques, de festivals, de colloques, de publications mettant en perspective littérature et danse), sur des intuitions fortes nourries tant chez les danseurs que chez les poètes, ainsi que sur une double reconnaissance académique : celle de l’écriture comme expérience corporelle qui rend compte de l’épreuve physique de la langue, celle de la danse comme champ artistique à part entière qui explore les ressources de notre pensée motrice.

Aujourd’hui encore à l’état de friche, ce réseau de faits et d’intuitions n’a pas forgé les outils de sa compréhension. Il donne toutefois une direction de travail : opérer le basculement du plan strictement poétique de la rencontre vers son plan poïétique, en ne faisant de la dimension thématique que le symptôme d’une convergence plus intime, plus invisible aussi. Et renouant en cela avec la spécificité du poème dans le champ littéraire, lequel mouille ses mots jusqu’aux sources de la langue et cherche à retenir son geste dans le poïen. C’est à cet endroit, celui des processus de création, que danse et poésie semblent entretenir des liens privilégiés, et même nécessaires. Comment interroger la fabrique de la danse lorsqu’elle se frotte au poème, et vice versa celle du poème lorsqu'il se frotte à la danse ?

Quels effets ces rencontres et les créations qu’elles engendrent provoquent-elles sur la perception de la danse ou sur celle du poème, par les artistes eux-mêmes, par le public convoqué ?

La proposition consiste ici à articuler. Articuler danse et poème, tout en accueillant la multiplicité des pratiques et des discours, à savoir : explorer la complexité de ce nouage et les différents lieux de sa manifestation. Et doubler cet effort d’un second qui vise à articuler l’expérience vécue avec le geste de son ressaisissement théorique.


 

Sites d’articulation

 

- Sur le plan poétique, danse et poème sont en relation métaphorique l’un envers l’autre. Il s’agirait de questionner les imaginaires que le poète nourrit face au corps dansant, que le danseur convoque face au poème. Qu’en est-il de la survivance, du transfert, du degré d’adéquation ou de désuétude, de la force de régénération de ces imaginaires ?

 

- Sur le plan poïétique, gestes dansés et gestes poétiques peuvent entrer dans une relation analogique. Cette complicité entre corps dansants et corps écrivants se noue à l’endroit des processus de création et de leurs enjeux. Quels sont ces gestes créateurs communs aux régime du poétique et du chorégraphique ? En quoi diffèrent-ils ? Peut-on articuler une poétique du geste dansé avec la gestualité propre à l’acte poétique ? Existe-t-il un paradigme chorégraphique à l’œuvre dans le poème ? Et inversement ?


 

Modes d’articulation

 

- Les influences d’un art sur l’autre :

Quelles sont les raisons contemporaines du recours à la danse par les poètes, ou du recours à la poésie par les danseurs (comme matériau scénique, support d’imaginaire, réservoir à thèmes, dispositif d’écriture,…) ?

Comment un poème mobilise-t-il le corps dansant ? Comment une danse peut-elle interpeller le corps écrivant ?

Qu’appelle-t-on le « mouvement » d’un texte poétique ? En quoi une danse peut-être dite « poétique » ?

 

- Les croisements réciproques :

Ils concernent à la fois les rencontres in praesentia (collaborations entre poètes et chorégraphes dans le processus de création, et/ou sur scène) et les rencontres in absentia (dans le silence d’un poème ou d’une danse qui ne cherche pas nécessairement la relation avec l’autre art). Ces convergences dessinent en creux un tiers lieu, celui de l’articulation, encore à définir.

Que pourraient désigner la dimension chorégraphique d’un poème ? La dimension poétique d’une danse ? Et l’endroit de leur rencontre ?

Quels sont les effets croisés du régime poétique et du régime chorégraphique ? En quoi pourraient-ils donner naissance à une poétique comparée, aussi une esthétique comparée, du poème et de la danse ?


 

Durée des communications scientifiques : 30 minutes

D’autres formes d’intervention (lecture-performance, conférence-atelier,…) sont les bienvenues, pour une durée maximale de 45 minutes. L’acceptation de ces propositions sera toutefois assujettie aux contraintes d’organisation.

À noter que les frais de transport ne pourront être pris en charge.

 

Modalités de soumission 

 

Les personnes intéressées sont invitées à envoyer un résumé de la communication de 500 mots environ, ainsi qu’une brève notice bio-bibliographique (sous format Word.doc, document intitulé par le nom et le prénom de l’auteur), à l’adresse suivante : colloque.dansepoeme@gmail.com

Devront être mentionnés nom et prénom de l’auteur, statut, rattachement institutionnel et adresse électronique ainsi que le titre de la communication. Doit être indiqué le cas échéant, l’équipement souhaité (vidéo projecteur, plateau, etc.).

La date limite de présentation des propositions est fixée au 30 juin 2016.

Le Comité Scientifique communiquera à tous les candidats, au 15 juillet, la décision sur l’acceptation de leur proposition.