Journée d’étude « Former les artistes »

dates: 
lieu:  INHA, salle Walter Benjamin

La formation des artistes a beaucoup évolué au cours des derniers siècles. Après un modèle corporatif, fondé sur la reproduction de savoirs ancestraux, puis une phase académique où les artistes ont été rassemblés autour de techniques et de modèles réputés universels, le début du 20e siècle a été caractérisé par la floraison de nouvelles méthodes entendant substituer à l’enseignement académique de nouvelles formes d’apprentissage basées sur le lien entre création artistique et insertion dans le monde industriel moderne ; les formations étant de ce fait communes aux artistes, designers, architectes, scénographes ou graphistes. Par la suite, des départements d’Arts plastiques à l’université ont eu pour objectif de relier les savoirs artistiques à d’autres champs disciplinaires (histoire, sociologie, philosophie, anthropologie...). Ces formations d’un nouveau type en sont venues à proposer une alternative à l’enseignement des écoles d’art ; s’éloignant notamment de leur caractère professionnalisant.

Quoi qu’il en soit de cette différence de point de vue, ces dernières années, la plupart des écoles d’art en Europe se sont mises à repenser leur enseignement en choisissant, après le processus de Bologne, de rejoindre le système LMD en vigueur dans les universités. Cela les a notamment conduites à revendiquer le statut de chercheurs et la possibilité de préparer des thèses en art – thèses qui seraient différentes de celles produites au sein des départements d’Arts plastiques des universités. En somme, même si les situations peuvent être différentes d’un pays à l’autre, la tendance depuis une vingtaine d’années est à la redéfinition de l’enseignement de l’art dans une perspective qui n’est plus exclusivement professionnalisante mais plutôt orientée autour d’objectifs plus larges et sans doute plus ambitieux – en proposant par exemple des partenariats avec des laboratoires de recherches en sciences sociales ou en sciences dures –, même s’ils ne sont pas toujours bien définis.

La question de l’enseignement de l’art se pose alors dans de nouveaux termes : à quoi peut- il servir, lorsqu’il est articulé à une démarche de recherche au sens universitaire du terme ? Quels savoirs, quelles compétences, quelles méthodologies peuvent être développées et avec quels objectifs ? Que deviennent les artistes qui sont formés dans cette perspective ? Comment qualifier leur activité ? Ces questions – et l’évolution de la structuration des formations en art qui les accompagnent – ne sont pas de pure forme ; elles correspondent aussi à une évolution des pratiques artistiques et du rôle attribué aux artistes au sein de la société contemporaine. Si l’artiste n’est plus vu en suivant le modèle romantique du créateur isolé, mais comme quelqu’un qui produit une réflexion opérationnelle sur le monde contemporain, en relation avec ses acteurs et réseaux, alors la formation doit nécessairement être repensée. Qu’est-ce exactement que former un artiste à l’époque des réseaux sociaux, de la société de services, des départements de recherche-développement des entreprises, du travail délocalisé, des transferts technologiques, de l’acculturation et des migrations de masse ? Peut-on encore se contenter d’étudier les œuvres du passé, de maîtriser quelques rudiments théoriques ou d’acquérir les codes du milieu de l’art ?

Matin : comment penser la formation des artistes contemporains

9h30 Accueil des participants

10h Clara Guislain, doctorante Paris 1 Histoire de l’art « CalArts : l 'école d'art et l'expérience du collectif »

10h30 Déborah Laks, docteure Histoire de l’art Sciences-Po « Supports/Surfaces ou l’enseignement de la peinture »

11h Pause

11h15 Guillaume Fournier, doctorant Paris 3
« La reconnaissance chez les plasticiens français : vers une formation élitiste dans les arts plastiques ? »

11h45 Jean-Baptiste Gabbero, conseiller pour les Arts plastiques, DRAC Île-de-France « Les dessous de la professionnalisation des artistes »

12h15 Discussion 12h30 Déjeuner

Après-midi : recherche et création - la formation à la recherche en art

14h Manuel Houssais, doctorant EHESS (LIAS)
« Quand la théorie devient pratique : la catégorisation théorie/pratique dans les écoles supérieures d’art »

14h30 Maxence Alcalde, critique d’art, professeur à l’ESADHAR, site du Havre « Une expérience de la recherche en école d’art »

15h Pause

15h15 Samuel Bianchini, artiste et maître de conférences HDR à l’ENSAD « Partage d’instruments »

15h45 Jean-Marie Dallet, artiste et maître de conférences HDR à l’Université Paris 8 « Déformation(s) »

16h15 Discussion
15h45 Conclusion générale