LE CORPS EN EDUCATION INCLUSION, BIEN-ETRE ET EXPRESSION

date limite: 
dates:  -
lieu:  Collection L’Harmattan de la FacEF Pédagogies, Formations, Recherches

Coordination

Catherine Guillot, MCF en sciences de l’éducation et de la formation, Faculté d’Éducation et de Formation, ICP
Anne Olivier, docteure en sciences de l’éducation et de la formation de l’université de Paris 8, responsable du parcours cadres d’éducation, Faculté d’Éducation et de Formation, ICP Séverine Parayre, MCF-HDR en sciences de l’éducation et de la formation, Faculté d’Éducation et de Formation, ICP

Depuis 2019, le projet facultaire de la Faculté d’Éducation et de Formation de l’ICP (FacEF), sous l’égide du doyen Augustin Mutuale, met à l’étude le concept de Communauté Éducative Inclusive et plus précisément engage une réflexion sur les institutions inclusives1 (Serina- Karsky, 2023 ; Mutuale, 2023). Dans le cadre de ce projet depuis la rentrée 2023-2024 et en lien avec l’année des jeux olympiques, un chantier de recherche a vu le jour au sujet de la place du corps en éducation. Catherine Guillot, Anne Olivier et Séverine Parayre co-dirigent ce travail qui se traduit entre autres par la mise en œuvre d’un séminaire doctoral, l’implication de l’institution et des acteurs de la CEI et la direction de ce numéro thématique de la collection Pédagogies, Formations et Recherches.

Depuis plus de cinquante ans, certains chercheurs des sciences humaines et sociales ont placé le corps comme central dans leur objet d’étude, réhabilitant le fait de pouvoir faire du corps un objet et un sujet à part entière de la société. Depuis les travaux historiques de Georges Vigarello, aux travaux anthropologiques de David Le Breton, ou encore de philosophie et phénoménologie de Bernard Andrieu ; pour ne citer que quelques auteurs précurseurs dans ce champ, et qui depuis ont été rejoints par bien d’autres. Ainsi ils ont, non seulement montré les évolutions subies par le corps et les rapports complexes des sociétés au corps, mais aussi ils ont travaillé sur le corps, par le corps démontrant les capacités nombreuses et inconnues du corps commeune ressource pour la recherche, pour la société, pour les individus. Ils ont creusé des parts d’ombre du corps : son hygiène par exemple (Vigarello, 1987 ; Parayre, 2011), sa gestuelle et son rapport à l’écologie (Andrieu, 2014 et 2018), sa diversité et ses multiples facettes (Le Breton, 2005) ; et ils ont ouvert un nouveau champ de recherches sur le corps en sciences humaines et sociales pour mieux comprendre l’être dans son intégralité et sa place dans notre monde.

Certaines caractéristiques du corps ont parfois été plus mises en évidence que d’autres. Le corps a pu davantage être étudié en fonction des contrôles exercés sur lui (Foucault, 1975). Dans différentes institutions dont l’école, l’hôpital, les prisons, ce sont aussi ses redressements qui ont été analysés (Foucault, 1975 ; Vigarello, 1978). Ses difformités et ses déviances, ses anormalités ont fait l’objet de nombreux travaux (Stiker, 2013 ; Vigarello, 2010). Mais c’est aussi sa beauté qui a fasciné aussi bien la recherche que les sociétés, ses marques ont été suivies et décryptées (Le Breton, 2004). Ses traumatismes ont fait l’objet d’approfondissement et d’étude des sociétés traumatisées, ainsi que sa réparation (Delaporte, 2004). D’autres aspects ont également pu être travaillés comme l’apport et la place du corps pour le bien-être scolaire et en éducation (Parayre, 2020 ; Fabienne Serina-Karsky, 2019). En janvier 2018 nous avions proposé une journée d’étude qui reprenait un thème phare du corps oublié et notamment en éducation, et d’un corps qui fait bien souvent encore peur . En 2016 sous la direction de

Christine Delory-Momberger un ouvrage collectif reprenait des thèmes d’actualités en partant cette fois bien plus d’une « approche sensible du corps » et sous « l’angle de l’apprendre » (Delory-Momberger, 2016).

Renouant avec l’idée d’interdépendance du lien corps-esprit dans une vision holistique et non dualiste de conscience de soi, aujourd’hui toute une revue de littérature sur le sujet, fait état de terminologies, de notions conceptuelles émergentes et de préceptes associés à un corps- ressource comme synergie éducative et inclusive redonnant toute sa place à une corporéité en action mais aussi en relation et en interaction avec l’environnement et sa propre dynamique : corps capacitaire, corps apprenant, apprentissage par corps, expérience corporelle sensible ou énactive, écologie corporelle, embodiment, cognition incorporée et incarnée, inscription corporelle de l’esprit, échoisation corporelle et empathie motrice par corps, agir inclusif etc. Les neurosciences et sciences cognitives ou approches phénoménologiques ont déjà interrogé les pédagogies associant corps-esprit tandis que de nouvelles expérimentations en innovation voient l’émergence de nouveaux rapports au corps, instaurant de nouvelles approches et formes d’apprentissages réconciliant l’intelligence rationnelle et l’intelligence sensible ainsi qu’émotionnelle (Zanna, 2015 et 2016).
Dans le cadre de la recherche s’affirme en filigrane la volonté d’interroger dans ses fondements le développement global et intégral de la personne dans ses différentes dimensions et diversité de perspectives. Cette fois dans ce nouveau collectif la volonté est d’explorer davantage les ressources corporelles et ses interdépendances au sein des institutions éducatives et par l’ensemble de la communauté éducative et les acteurs de l’éducation.
Si le corps est bien l’une des données constitutives et évidentes de l’expérience humaine alors qu’en est-il d’un corps médiateur perçu comme ressource ? Quelles sont les forces, les potentialités et le pouvoir d’agir des personnes, qu’il permet de mobiliser dans une perspective éducative ou comme alternative dans une société inclusive ? Comment les institutions s’emparent-elles alors de ces questions ?

Cet appel à contribution proposant de faire le lien entre approche théorique et pratique réflexive sera l’occasion d’interroger les places et les statuts occupés par le corps en contexte éducatif (ou dans une éducation de la personne par le corps) et en contexte de formation, et de voir quelles sont les évolutions qui ont permis un changement de paradigme ou un « changement d’épistémè » (pour reprendre les termes de Michel Foucault, 1966), en accordant une place nouvelle et plus importante à son étude, à une analyse des pratiques, une biographisation de l’expérience ou théorisation en action comme a pu le proposer Christine Delory-Momberger. Il s’agira en outre de questionner les avancées conceptuelles, empiriques, et pratiques couvrant le large spectre des recherches conduites dans les différents domaines.

3 axes réflexifs sont proposés en lien avec la référence au corps comme ressource, qui invite à sortir de la vision cartésienne séparant le rationnel du sensible et à s’ouvrir à une approche plus expérientielle de la connaissance du corps-esprit, mais aussi comme enjeu éthique et institutionnel à interroger dans une société inclusive offrant de nouvelles perspectives éducatives voire émancipatrices :

- Corps et inclusion

Le concept d’inclusion fait-il état du corps ? Et prend-t-il le corps comme ressource et si oui de quelle manière ?
Autrement dit, comment la société inclusive peut-elle prendre en compte le corps comme lieu d’expérience ou de mise en situation éducative pour parvenir à « prendre soin » des personnes, pour penser les différences, la diversité et la reconnaissance des singularités et des capacités et ainsi créer /recréer du lien social ou se relier à l’autre, s’ouvrir à l’autre et entrer en empathie ?

- Corps et bien-être

L’étude du bien-être relève d’une longue tradition en philosophie et en sciences humaines et sociales. Les sciences de l’éducation et de la formation y travaillent également. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), « la santé est un état de complet bien-être physique, mental et social ». Une telle définition prend en compte une approche globale de la personne. Mais qu’est-ce que le bien-être prenant en compte le développement intégral de la personne ? Comment interroger les pratiques somatiques et corporelles de bien-être dans une dimension ou une finalité éducative ?

- Corps et expression

Différents dispositifs ou activités permettent l’expression du corps, la créativité et le partage du sensible en mouvement ou en action. Quelles pratiques permettent d’éprouver le corps, selon quelles médiations, processus et visées ? Quels apprentissages formels ou informels ?

---

1 Pour plus de renseignements se référer à la charte de la FacEF et au site de la communauté éducative inclusive https://comeducinclu.hypotheses.org/431

2 Journée d’étude organisée par l’ICP en partenariat avec l’EFPP et l’université Paris Descartes : Corps délaissés, corps ignorés, Quelles approches, éthique et pratiques au quotidien ? Université Paris Descartes du 11 janvier 2018 au 12 janvier 2018.

Bibliographie

Andrieu, B. (2014). Introduction l’écologie corporelle dans Sociétés, 2014/3, n° 125, p. 5-10. Andrieu, B. (2018). Le corps capacitaire : une performativité du vivant. PU Paris Nanterre. Bourrain, S., Dupayage, V., Nadal, M., Walgennitz, G., Corvaisier, M. (2021). Le corps au cœur des apprentissages. PUG.

Corbin, A., Courtine, J.-J., Vigarello, G. (2011). Histoire du corps. Éditions du Seuil.
Le Breton, D. (2002). Signes d’identité : Tatouages, piercings et autres marques corporelles.Éditions Métailié.

Le Breton, D. (2005). Anthropologie du corps et modernité. Presses universitaires de France. Delory-Momberger, C. (2016). Éprouver le corps : corps appris, corps apprenant. Erès. Delaporte, S. (2004). Gueules cassées de la Grande Guerre. Agnès Vienot éditions. Foucault, M. (1966). Les Mots et les Choses. Gallimard.

Foucault, M. (1975). Surveiller et punir. Naissance de la prison. Éditions Gallimard.

Guillot C. (2003). L’acteur-imitateur des passions de l'âme au XVIIe siècle », Double jeu, Presses Universitaires de Caen, 1, 47-58.

Janner-Raimondi, M. (2017). Visages de l’empathie en éducation. Champ social.
Lecocq, G. (2018). Entre excellence exclusive et fragilité inclusive : une éducation corporelle émancipatrice vaut la peine d’être vécue dans le contexte scolaire, La Nouvelle Revue.

Education et sociétés inclusives, 81, 65-80.
Mutuale, A. (2023). Accueillir dans une communauté éducative inclusive : de l’ailleurs chez

nous. Transversalités, 165, 109-118. https://doi.org/10.3917/trans.165.0109
Olivier, A. (2023). La relation éducative en question dans la fonction de maître d’apprentissage

en collectivités territoriales. Phronesis, HS1, p.117-126
Parayre, S. (2020). De nouvelles normes dans la vie scolaire au XIXe siècle : l’attention au

corps et au bien-être dans les écoles primaires rurales du Nord et du Pas-de-Calais, dans Jérôme Krop et Stéphane Lembré Array (dir.), Histoire des élèves en France. Ordres, désordres et engagements (XVIe - XXe siècles), Presses Universitaires du Septentrion, coll. « Histoire et civilisations », tome 2, 149-170.

Parayre, S. (2011). L’hygiène à l’école, une alliance de la santé et de l’éducation (XVIIIe-XIXe siècles). PUSE.

Perrin, C. (2006). Corps et témoignage. PU Caen.

Serina-Karsky, F. (2023). Requalifier les territoires de l’école inclusive. La communauté éducative inclusive en perspective. Transversalités, 165, 133-140.https://doi.org/10.3917/trans.165.0133

Serina-Karsky, F. (2019). Bien-être scolaire. Des clés pour demain. L’Harmattan.

Varela, F., Thompson, E. & Rosch, E. (1993). L’inscription corporelle de l’esprit. Seuil Vigarello, G. (1978). Le Corps redressé. Éditions Jean-Pierre Delarge, [réédition aux éditions du Félin, 2018].

Vigarello, G. (1987). Le Propre et le Sale : L’hygiène du corps depuis le Moyen Âge. Éditions du Seuil.

Vigarello, G. (2010). Les Métamorphoses du gras : histoire de l’obésité du Moyen Âge au XXe siècle. Éditions du Seuil.

Stiker, H.-J. (2013, 3éme éd. revue et augmentée, 1re éd. 1982). Corps Infirmes et Sociétés, Essais d’anthropologie historique. Dunod.

Zanna, O. (2015). Le corps dans la relation aux autres. Pour une éducation à l’empathie. P.U.R. Zanna, O. (2016). L’éducation émotionnelle pour prévenir la violence. Pour une pédagogie de l’empathie. Dunod.

Format des contributions

Deux formats de contributions peuvent être proposés pour chacune des thématiques :

− Format « court » : article d’expérience relevant d’une pratique présentée et analysée avec une démarche réflexive : limite de 10 000 signes (espace compris)

− Format « long » : article scientifique avec les critères habituels d’un article scientifique : limite de 30 000 signes (espace compris)

Feuille de style 

Police Times New roman
Taille 12
Titre en gras (centré)
Nom et prénom sous le titre à gauche
Texte sans interligne avec un alignement à gauche sans retrait Sous-titres en gras, non soulignés

Les auteurs intéressés par la thématique de cet ouvrage sont invités à soumettre leur projet d’article, sous la forme d’un résumé de 200 mots maximum, par mail pour le 31 janvier 2024 au plus tard, en indiquant le thème et le format pressenti :

Envoi à l’adresse suivante : collectionharmattanfacef@icp.fr

Calendrier prévisionnel de publication

− Date limite de transmission des résumés (environ 200 mots) : fin janvier 2024
− Retour aux auteurs sur les résumés : fin février 2024
− Date limite d’envoi des contributions par les auteurs : fin mai 2024
− Retour sur les versions 1 après évaluation : fin juin 2024
− Remise des versions 2 par les auteurs : fin juillet 2024
− Parution de l’ouvrage dans la collection L’Harmattan de la FacEF Pédagogies, Formations, Recherches : octobre-novembre 2024