Rudolf Noureev et la littérature : danse, chorégraphie et reception

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dates:  -
lieu:  Università degli Studi di Verona

L’exceptionnelle ‘écriture’ du corps de Noureev, par son talent extraordinaire de danseur et son charisme hypnotique sur scène, a toujours fait l’objet d’innombrables commentaires, dans des monographies, des articles ou des programmes de théâtre. Sa relation à la littérature, à un niveau polysémique, semble toutefois avoir été moins largement étudiée. Beaucoup de ses réinterprétations personnelles des rôles classiques ou de ses redéfinitions des chorégraphies existantes, tout comme la création de nouveaux rôles ou spectacles au niveau individuel ou en collaboration avec les plus grands chorégraphes contemporains, sous-tendent toutefois une source littéraire, concernant des œuvres de grands écrivains ou des livrets importants. Ce Colloque se propose avant tout de vérifier comment ces hypotextes, grâce également à la vaste culture de Noureev, se manifestent dans son ‘écriture’ au niveau de la pensée du mouvement, de la technique et de la performance, et de la gestion des éléments fondamentaux dans la création ou re-création chorégraphiques. Dans ce sens il sera également important, au niveau diachronique, d’étudier l’évolution de sa conception de la danse et de sa conscience interprétative, chorégraphique et du spectacle dans sa totalité. Entre l’attrait romantique, mais pas seulement, pour le “gouffre d’en haut” dont parlait Banville, la pluridimensionnalité de la danse moderne et les profondeurs de l’inconscient, la littérature s’articule à la musique et aux arts visuels, avec des effets de temporalité divers. Depuis Roméo et Juliette, Casse-Noisettes, La Belle au bois dormant, Don Quichotte, Le Lac des cygnes - avec l’intervention du précepteur dans le pas de deux – jusqu’au décor hollywoodien de Cendrillon, avec le producteur comme pygmalion, les versions de Noureev actualisent les classiques. Et si, dans le temps, l’insertion de personnages comme deus ex machina était certainement fonctionnelle à sa permanence sur scène, elle constituait également un enrichissement critique original. Beaucoup plus vaste est d’ailleurs le corpus digne d’être reconsidéré, ainsi que sa direction de la danse à l’Opéra de Paris, jusqu’à la recréation de la Bayadère comme aboutissement ultime et palimpseste, vraisemblablement non exempt de références littéraires.

Dans ce sens, très importante sera aussi l’exploration, ou la réévaluation, de la littérature critique, tant à partir des déclarations de Noureev lui-même dans ses interviews, son autobiographie et son journal intime, que, au niveau international, en ce qui concerne la réception de son œuvre créatrice dans la presse, périodique, spécialisée ou académique.

Les thèmes que le Colloque se propose de traiter pourront alors se cristalliser autour de deux filières principales: les spectacles, et les lectures de ou concernant Noureev, pour lesquelles sont indiquées ci-dessus des pistes de recherche possibles, susceptibles naturellement d’enrichissements ultérieurs.

Le Colloque aura lieu à l’Université de Vérone, en présentiel mais avec l’éventuelle possibilité, pour les communiquants, d’intervenir via Zoom, de l’après-midi du 27 à la matinée du 29 juin 2024, et les langues officielles seront l’italien, le français et l’anglais.

Les propositions, d’environ 300 mots, accompagnées d’une bio-bibliographie essentielle, devront être envoyées avant le 15 janvier 2024, aux adresses laura.colombo@univr.it et sidia.fiorato@univr.it. Les réponses du Comité scientifique seront envoyées avant le 10 février.

Pistes de recherche (non exhaustives):

1. Spectacles:

  • -  Noureev danseur: le corps comme ‘exégète’ du texte littéraire.

  • -  Technique, virtuosité et lexiques chorégraphiques.

  • -  Réverbérations interprétatives (ex. entre l’Après-midi d’un faune de Mallarmé-Nijinskij et Afternoon of a Faun de Toer van Schayk).

  • -  La réévaluation de la masculinité en danse, en relation aussi au développement des rôles dans le corps de ballet et de certains personnages secondaires.

  • -  La possibilité éventuelle d’une étude ‘statistique’, dans ses chorégraphies, des chorèmes et des pas utilisés, en relation aux caractéristiques historiques, esthétiques et contextuelles de chaque ballet.

  • -  Entre poétique et herméneutique des hypotextes chorégraphiques.

  • -  Les ballets moins connus: Tancrède, Manfred, La Tempête, Washington square.

  • -  Les relectures freudiennes.

  • -  Les mises en abyme: les scènes de bal à l’intérieur du ballet, également d’un point de vue sociopoétique.

  • -  Les relations entre danse, littérature et cinéma.

  • -  La leçon de la maturité: la conscience du corps qui change, et les variations chorégraphiques conséquentes.

  • -  Exemples de ‘philologie’ de la danse: la belle danse de Bach suite, la sarabande dans La Belle au bois dormant, et autres.

2. Le Lectures

  • -  Les sources des ballets: textes, livrets, arguments ayant trait à la littérature universelle.

  • -  Noureev lecteur: la bibliothèque/les bibliothèques de Noureev, les auteurs préférés, ses postilles ou notes éventuelles.

  • -  Son travail de documentation: textes sur l’histoire et la théorie de la danse, la littérature, la musique, l’art.

  • -  À la recherche du temps passé: les Mémoires de Saint-Simon consultés pour la Belle au bois dormant, les notes de Petipa regrettées et finalement retrouvées à son retour en Russie, etc.

  • -  Noureev vu par les écrivains: journaux intimes, correspondances, écrits divers. Existe-t-il des commentaires analogues à ceux de Colette pour le Ballets russes, même comme textes insérés dans les programmes des représentations ?

  • -  La littérature critique sur Nureyev, au niveau diachronique ou géographique, dans les différents Pays où il s’est produit ou ses chorégraphies ont été retenues. Des bilans, ou des réévaluations sont-elles possibles, au-delà de certaines polémiques contingentes?

    Comité scientifique :

    Laura Colombo

  • Sidia Fiorato